Poliomyélite : comprendre, prévenir et combattre cette maladie virale

Un bébé couché, à qui un vaccin est en train d'être administré par la bouche
La poliomyélite, ou polio, est une maladie virale grave qui peut entraîner une paralysie irréversible et, dans les formes les plus sévères, la mort. Bien que la majorité des infections soient asymptomatiques, environ 1 % évoluent vers une paralysie flasque, souvent des membres inférieurs, et nécessitent une prise en charge de réanimation et de rééducation intensive. La prévention repose essentiellement sur la vaccination — qu’il s'agisse de dose orale (OPV) ou de dose injectable (IPV) — qui a permis de réduire de plus de 99 % les cas mondiaux depuis le lancement de l’Initiative mondiale d’éradication de la poliomyélite (GPEI), en 1988. Malgré ces progrès, la persistance de foyers endémiques dans certains pays montre qu’un dernier effort soutenu est indispensable pour éradiquer définitivement la maladie.

Qu’est-ce que la poliomyélite ?

La poliomyélite est une infection aiguë causée par le poliovirus, un entérovirus à ARN qui cible essentiellement les neurones moteurs du système nerveux central, entraînant une destruction des cellules de la corne antérieure de la moelle épinière ou du tronc cérébral.  

Cette maladie touche principalement les enfants de moins de cinq ans, et est transmise le plus souvent par la voie oro-fécale. Elle peut entraîner une paralysie flasque aiguë et, sans prise en charge rapide, le décès par insuffisance respiratoire.  

Histoire et découverte

En 1949, Enders, Weller et Robbins réussissent à cultiver le poliovirus en laboratoire, ouvrant la voie aux vaccins. En 1955, Jonas Salk met au point le vaccin inactivé (IPV) et le teste sur 1,6 million d’enfants, réduisant de 90 % les cas aux États-Unis. En 1961, Albert Sabin lance le vaccin oral (OPV), plus efficace pour interrompre la transmission virale en milieu communautaire.

Depuis la mise au point de doses du vaccin inactivé de Jonas Salk en 1955, puis de la forme orale d’Albert Sabin quelques années plus tard, la vaccination a permis de réduire les cas de plus de 99 % depuis 1988, avec seulement deux pays (Afghanistan et Pakistan) ayant rapporté des cas de poliovirus sauvage en 2024. L’effort mondial coordonné par la Global Polio Eradication Initiative (GPEI) repose sur la vaccination de masse (IPV et OPV), la surveillance des eaux usées et le maintien de la couverture vaccinale. Enfin, environ 25–40 % des anciens malades paralysés développent, 15–40 ans plus tard, le syndrome post-polio, caractérisé par une fatigue musculaire et une douleur chronique. La polio peut entraîner une paralysie irréversible, voire la mort dans les cas les plus graves.

Bon à savoir : Les enfants de moins de cinq ans sont les plus vulnérables, mais toute personne non immunisée peut être infectée.

Les principaux faits

L’Organisation mondiale de la Santé rapporte les faits suivants liés à la poliomyélite :

  • la poliomyélite touche principalement les enfants de moins de cinq ans ;
  • une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible ;  
  • 5 à 10 % des personnes atteintes de poliomyélite paralytique décèdent des suites d’une paralysie des muscles respiratoires ;
  • seul deux pays sont encore endémiques à ce jour, car le nombre de cas dus au poliovirus sauvage a diminué de 99 % depuis 1988 ;
  • tant qu’un seul enfant reste infecté, les enfants de tous les pays risquent de contracter la poliomyélite. Si la maladie n’est pas éradiquée, elle est susceptible de ressurgir au niveau mondial.

Épidémiologie et transmission  

En 1988, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires ont lancé la GPEI, avec un objectif clair : éradiquer la polio à l’échelle mondiale. À ce jour, deux des trois sérotypes de poliovirus sauvage (types 2 et 3) ont été déclarés éradiqués, ne subsistant que la souche du poliovirus sauvage de type 1 (WPV1).  

En 2024, on dénombrait moins de 200 cas de WPV1, contre 350 000 à la fin des années 1980. Parallèlement, des souches de poliovirus dérivés de vaccins (VDPV) continuent de circuler dans des zones où la couverture vaccinale orale est insuffisante.

En effet, en 2024, l’Afghanistan a signalé 23 cas et le Pakistan 39 cas de WPV1, avec une augmentation marquée par rapport à 2023, et des échantillons environnementaux positifs signalant une transmission cachée. En outre, les souches de poliovirus dérivées de vaccins (cVDPV) continuent de circuler dans plusieurs régions d’Afrique et d’Asie, nécessitant des campagnes ciblées avec des vaccins monovalents.

Le virus se transmet principalement par :  

  • voie orofécale, c’est-à-dire par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés ;
  • contact direct avec une personne infectée, notamment via des sécrétions respiratoires.

En effet, le virus de la poliomyélite se multiplie dans la muqueuse pharyngée et dans l’intestin grêle. Il peut être retrouvé dans la gorge et les selles. Sa transmission est exclusivement interhumaine et s’effectue essentiellement par voie féco-orale en particulier par l’intermédiaire d’eau souillée et d’aliments contaminés par les selles.  

Les personnes infectées peuvent transmettre l’infection tant que le virus persiste dans la gorge (une semaine) et dans les excréments (3 à 6 semaines, voire davantage).

Global Polio Eradication Initiative (GPEI)  

Créée en 1988, la GPEI rassemble l’OMS, l’UNICEF, le Rotary, le CDC, la Fondation Gates et Gavi. En 2024, les cas de VDPV ont chuté de 40 % par rapport à 2023, ce qui illustre un progrès notable. Toutefois, les clusters en contexte de conflit (freinent l’éradication.  

En effet, les principaux défis rencontrés par la GPEI sont entre autres :  

  • les zones de conflit fragilisent la couverture vaccinale et la surveillance ;
  • la méfiance est accrue depuis le post COVID-19, ce qui entraine une baisse de l’acceptation vaccinale ;
  • la GPEI fait face à un déficit de plusieurs centaines de millions de dollars, ce qui menace les campagnes.  

Après certification de l’éradication, la GPEI planifie de :

  • arrêter progressivement le vaccin OPV
  • maintenir la IPV pour prévenir une éventuelle réintroduction ;
  • surveiller continuellement les eaux usées et les paralysies.
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Présentation clinique de la polio

La poliomyélite peut se présenter sous plusieurs formes.  

Formes asymptomatiques et non paralytiques  

  • Forme asymptomatique : 72 à 95 % des infections n’entraînent aucun signe clinique, car le virus se réplique dans l’intestin sans franchir la barrière hématoencéphalique.  

Forme paralytique  

Environ 1 % des cas évoluent vers la paralysie flasque aiguë, qui affecte typiquement les membres inférieurs. La paralysie survient rapidement, souvent en moins de 24 h, et peut être asymétrique :  

  • Paralysie spinale : atteinte de motoneurones spinaux, membres inférieurs principalement.  
  • Paralysie bulbospinale (bulbaire) : atteinte du tronc cérébral, menace vitale si les muscles respiratoires et de déglutition sont touchés.  

Syndrome postpolio  

Des décennies après l’infection initiale, certaines personnes développent le syndrome postpolio (PPS) qui se manifeste par :  

  • faiblesse musculaire progressive ;  
  • troubles respiratoires ou de déglutition.  

La prise en charge du PPS inclut des techniques de pacing et une kinésithérapie adaptée pour éviter la sur-sollicitation des muscles.  

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Diagnostic de la poliomyélite

Le diagnostic de la polio repose sur le constat d’une paralysie unilatérale d’apparition brutale. Ce diagnostic est confirmé par la détection d’un poliovirus dans les selles ou via un prélèvement nasopharyngé du patient.

Bon à savoir : La surveillance sérologique de l’OMS comprend l’analyse des échantillons d’eaux usées pour détecter de façon précoce la circulation du virus, même en l’absence de cas cliniques.  

Traitement et prise en charge

Il n’existe aucun traitement curatif contre la poliomyélite. Le traitement repose principalement sur l’atténuation des symptômes et la prévention des complications. Ce traitement peut comprendre :

  • des analgésiques pour la douleur ;
  • des médicaments pour la gestion des spasmes musculaires ;
  • la kinésithérapie pour aider à récupérer le mouvement musculaire.

En France, la vaccination DTP (diphtérie – tétanos - poliomyélite) est obligatoire pour les nourrissons et pour les professionnels de santé. La vaccination diphtérie - tétanos - poliomyélite ne comporte que deux doses, injectées respectivement à l'âge de 2 mois et de 4 mois, suivies d'un rappel à 11 mois.

Prévention : la vaccination

La prévention repose principalement sur la vaccination. Deux types de vaccins sont utilisés :

  • vaccin injectable inactivé (IPV) : administré par injection, il est utilisé dans de nombreux pays, dont la France, et est considéré comme très sûr. Il protège contre la poliomyélite paralytique.
  • vaccin oral vivant atténué (OPV) : facile à administrer, il est largement utilisé dans les campagnes de vaccination de masse, notamment dans les pays en développement.

Les schémas vaccinaux varient selon les pays. En France, les nourrissons reçoivent trois doses d’IPV à 2, 4 et 11 mois, avec un rappel à 6 ans. En zones endémiques, des campagnes d’administration de l’OPV sont organisées trimestriellement pour atteindre tous les enfants de moins de 5 ans.  

Bon à savoir : Un nouveau vaccin oral stabilisé (nOPV2) a été déployé depuis 2021 pour réduire le risque de VDPV de type 2, avec plus de 450 millions de doses administrées, marquant une avancée vers l’éradication finale.

D’autres actions peuvent être menées à titre individuel afin d’aider à l’éradication de cette maladie. Il s’agit entre autres pour chacun de :

  • vérifier son statut vaccinal et celui de ses enfants (le cas échéant) ;  
  • soutenir les initiatives de vaccination dans les régions à risque ;
  • s’informer et sensibiliser son entourage sur l'importance de la vaccination contre la polio.
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Impact socio-économique

La paralysie induite par la polio entraîne des coûts de soins à long terme, d’appareillage orthopédique et de prise en charge sociale, grevant ainsi les systèmes de santé, surtout dans les pays à ressources limitées.

L’avis des experts de MédecinDirect sur la poliomyélite :
La poliomyélite est une maladie grave, mais évitable grâce à des doses de vaccination. Les efforts mondiaux ont permis des avancées significatives vers son éradication, mais une vigilance constante est nécessaire pour prévenir toute résurgence. Il est primordial de maintenir une couverture vaccinale élevée et de renforcer les systèmes de surveillance, en particulier dans les zones à risque.  
SOURCES :  
  • Organisation mondiale de la santé : le lien  
  • Institut Pasteur : le lien
  • U.S center for disease and control and prevention : le lien  

EN BREF
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