Comment traiter mes douleurs chroniques ?

Comment traiter mes douleurs chroniques ?

Traitement des douleurs chroniques
La douleur fait partie de notre vie. Elle est un signal d’alerte utile… sauf lorsqu’elle s’installe, au-delà de trois mois, sans cause évidente ou malgré un traitement. On parle alors de douleur chronique. Contrairement à une douleur aiguë, elle persiste, épuise, isole. Qu’elle soit liée à une maladie identifiée (arthrose, fibromyalgie, lombalgie, neuropathie, etc.) ou qu’elle reste inexpliquée, la douleur chronique touche environ 20 % des adultes en France selon l’INSERM. Mais alors, comment la prendre en charge ? Quels traitements sont disponibles ? Est-il possible de vivre mieux, même sans guérison complète ? Voici un tour d’horizon des approches actuelles.

Qu’est-ce que la douleur chronique ?

La douleur chronique est définie comme une douleur qui persiste ou est récurrente pendant plus de 3 mois, au-delà de la durée habituelle de guérison. Elle peut être :

  • nociceptive : causée par une lésion identifiable (arthrose, inflammation).

Elle peut affecter n’importe quelle partie du corps : dos, articulations, muscles, tête, abdomen, viscères, etc. Parfois localisée, elle peut aussi être diffuse et évoluer par poussées.

La douleur chronique n’est pas seulement physique : elle a un retentissement important sur le sommeil, l’humeur, le travail, la vie sociale, et peut conduire à un véritable isolement.

Quantifier la douleur chronique : chiffres clés et impact sociétal

En France, 25 à 30 % des adultes souffrent de douleur chronique, un chiffre qui atteint 50 % après 70 ans. La douleur chronique constitue également l’un des premiers motifs de consultation médicale ou d’urgence.

Dans la région Hauts-de-France par exemple, les données révèlent :

  • une durée moyenne de douleur de 5,7 ans ;
  • 14 consultations médicales environ par an/personne ;  
  • 45 % des patients concernés par des arrêts de travail cumulant plus de 4 mois/an ;
  • Seulement 7,3 % des patients douloureux chroniques vus par un spécialiste de la douleur.

Un parcours de soins structuré et accessible

En France, le parcours de prise en charge de la douleur chronique est désormais formalisé par la Haute autorité de Santé (HAS) dans un guide publié en décembre 2024. Ce parcours respecte une gradation médicale en trois niveaux (ville — structures de douleur — centres spécialisés), avec un accompagnement pluridisciplinaire adapté aux adultes, enfants, patients vulnérables ou atteints de cancer.  

Ce guide s’appuie sur des outils cliniques (grilles, formulaires, auto-questionnaires) pour faciliter l’orientation vers les Structures de Douleur Chronique (SDC) dans un délai raisonné.

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Douleur ou souffrance ?

Dans le langage courant, on emploie souvent « douleur » et « souffrance » comme des synonymes. Pourtant, en médecine comme en psychologie, ce sont deux réalités distinctes mais liées.

  • La douleur est une expérience sensorielle et physique. C’est un signal d’alerte du système nerveux, déclenché par une lésion, une inflammation, ou une anomalie des nerfs. Elle peut être aiguë (ponctuelle) ou chronique (persistante), mais elle est localisable dans le corps.
  • La souffrance, elle, est une expérience émotionnelle, mentale et subjective. Elle peut résulter de la douleur, mais aussi de l’impuissance, de l’incompréhension, de l’isolement ou de la perte de sens. Elle touche l’identité, le moral, le rapport à soi et aux autres.

Autrement dit, on peut avoir mal sans souffrir (douleur contrôlée et comprise), mais aussi souffrir sans douleur physique (dépression, stress post-traumatique, etc.).

Dans les douleurs chroniques, les deux dimensions sont souvent imbriquées : la douleur physique entretient la souffrance psychique, et inversement. C’est pourquoi la prise en charge doit être générale et ne pas se limiter à un traitement symptomatique.

En effet, souffrir d’une douleur chronique, c’est bien plus que « juste » avoir mal. Avec le temps, le cerveau se sensibilise à la douleur. Il peut continuer à envoyer un signal douloureux, même si la lésion initiale a disparu. On parle d’hyperalgésie (hypersensibilité à la douleur) ou d’allodynie (douleur provoquée par un stimulus non douloureux).

La prise en charge doit donc aller au-delà de la zone douloureuse : il faut considérer l’impact émotionnel, psychologique et social de la douleur.

Quels sont les traitements possibles des douleurs chroniques ?

Il n’existe pas une seule solution miracle, mais une combinaison d’approches. L’objectif n’est pas toujours d’éradiquer totalement la douleur, mais de :

  • réduire son intensité;  
  • reprendre le contrôle ;
  • améliorer le quotidien.

Médicaments antalgiques

  • Paracétamol ou anti-inflammatoires (AINS) en première intention (pour les douleurs nociceptives).
  • Tramadol, morphine : parfois utilisés, mais avec prudence en raison du risque d’accoutumance.
  • Antidépresseurs tricycliques (amitriptyline) ou antiépileptiques (gabapentine, prégabaline) : efficaces pour les douleurs neuropathiques.
Bon à savoir : L’automédication prolongée peut aggraver la situation. Un suivi médical est indispensable.

Thérapies non médicamenteuses : pour (ré)apprendre à vivre avec la douleur

L’activité physique adaptée (APA) s’impose comme une composante importante de la prise en charge, particulièrement dans des pathologies comme l’endométriose. Le programme Crescendo, en cours auprès de femmes concernées, montre des effets immédiats sur la réduction de la douleur et une amélioration de la qualité de vie. D’autres méthodes sont susceptibles d’apporter des bénéfices durables :

  • Kinésithérapie, pour améliorer la mobilité sans aggraver la douleur.
  • Psychothérapie (notamment les thérapies cognitivo-comportementales – TCC), pour désamorcer le cercle douleur-anxiété-fatigue ;
  • Acupuncture ou ostéopathie, selon les cas.

Programmes pluridisciplinaires de prise en charge

Certaines structures spécialisées dans la douleur (centres anti-douleur) proposent des protocoles coordonnés qui réunissent médecins, kinésithérapeutes, psychologues et, parfois, assistantes sociales. Ils assurent une prise en charge globale de la personne.

Neuromodulation : une alternative prometteuse mais encore peu diffusée

Certains spécialistes, notamment des neurochirurgiens, explorent une « révolution électrique » dans la prise en charge de la douleur chronique, à travers des techniques de neuromodulation comme le TENS, la stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) ou la stimulation médullaire.  

Ces approches, qui peuvent réduire la douleur de 30 à 50 % chez certains patients, offrent l’avantage de limiter les effets indésirables liés aux traitements médicamenteux classiques, dont les grandes classes n’ont guère évolué depuis 30 ans. Cependant, elles restent encore peu diffusées et rarement prises en charge par l’Assurance maladie.

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Comment savoir à quel moment consulter ?

Vous devriez consulter si :

  • la douleur dure plus de 3 mois sans amélioration ;
  • elle vous empêche de dormir, travailler ou avoir une vie normale ;
  • vous avez essayé plusieurs traitements sans succès ;
  • vous vous sentez épuisé, anxieux ou démoralisé.

Parlez-en à votre médecin traitant, qui pourra vous orienter vers un centre anti-douleur, un rhumatologue, un neurologue, ou un psychologue spécialisé dans la douleur.

L’avis des experts de MédecinDirect

La douleur chronique n’est pas dans la tête, mais elle touche aussi le mental. On ne doit jamais minimiser ce que vivent les patients. Le vrai progrès, ces dernières années, c’est qu’on ne cherche plus à « faire taire » la douleur à tout prix avec des médicaments. On cherche à comprendre ce qui l’entretient, à redonner une place au corps, à l’activité, au lien social. Beaucoup de patients, même sans guérison totale, disent qu’ils vivent mieux en se sentant entendus et accompagnés. Il ne faut pas rester seul face à la douleur.

 

SOURCES :
  • ARS Hauts-de-France : le lien
  • Haute autorité de Santé (HAS) : le lien

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