Transpiration excessive : quelles causes et que faire ?

Un mécanisme naturel indispensable

La transpiration repose sur l’activité des glandes sudoripares, innervées par le système nerveux autonome (branche sympathique). Elle assure principalement :

• la régulation thermique (thermorégulation) : Les glandes sudoripares activées par le système nerveux sympathique produisent une sueur inodore, essentiellement composée d’eau et de sels minéraux. À l’évaporation, cette sueur prélève de la chaleur à la peau et permet de maintenir la température interne autour de 37 °C, même en cas de forte chaleur ou d’activité physique intense ;

• l’élimination de toxines : la sueur participe marginalement à l’excrétion de toxines hydrosolubles (petite part de l’urée et de l’acide lactique), contribuant ainsi à l’homéostasie (stabilisation) métabolique ;

• la fonction cutanée : L’humidité produite crée un film hydrolipidique protecteur, qui joue un rôle sur la santé, notamment dans l’équilibre de la flore cutanée et la défense contre certains micro-organismes.

La sueur produite par les glandes sudoripares est inodore. Lorsque des odeurs surviennent, elles ne sont pas dues à la transpiration elle-même, mais à des bactéries présentes sur la surface de la peau. Ces bactéries consomment la sueur et produisent des composants chimiques responsables de l’odeur.

Bon à savoir : en période normale, c’est-à-dire sans effort physique soutenu ni chaleur excessive, le corps produit environ 0,5 l de sueur par jour.

Transpiration normale vs excessive

La quantité de sueur produite varie selon plusieurs facteurs :

• génétique : certaines personnes possèdent plus de glandes sudoripares ou une plus forte réactivité nerveuse ;

• climat : température et humidité élevées stimulent la production de sueur ;

• activité physique : toute augmentation de la dépense énergétique entraîne une élévation de la sudation ;

• stress et émotions : l’activation du système sympathique en cas d’anxiété, de peur ou de stress libère de l’adrénaline et déclenche la sueur.

Lorsque la transpiration survient sans déclencheur clair (froid, effort, émotion), on parle de transpiration excessive ou hyperhidrose, qui peut être localisée (mains, pieds, aisselles, visage) ou généralisée.

Transpiration excessive localisée ou généralisée ?

• Localisée : aisselles, mains, pieds, visage. Elle commence souvent dès l’enfance, sans cause pathologique apparente et s’accentue à la puberté. Vers 40 ans, elle régresse et peut réapparaître à la ménopause. C’est l’hyperhidrose primaire, généralement bénigne.

• Généralisée : dans environ 10 % des cas, l’hypersudation touche tout le corps, et peut signaler une cause médicale sous-jacente (hyperhidrose secondaire). Elle peut se déclencher à tout âge.

Les causes courantes non pathologiques de l'hypersudation peuvent être :

• Chaleur, humidité : les environnements trop chauds ou humides stimulent directement les glandes sudoripares.

• Activité physique intense : plus on pratique du sport, plus on transpire pour évacuer la chaleur générée par les muscles afin que le corps reste en santé.

• Stress, anxiété, émotions fortes : les glandes eccrines sont très sensibles à l’adrénaline liée au stress.

• Alimentation : les aliments épicés, la caféine, l’alcool peuvent provoquer des bouffées de chaleur et stimuler la sudation.

• Facteur héréditaire : l’hyperhidrose familiale touche plusieurs membres d’une même lignée, sans aucun autre état de santé (maladie) associé.

Par ailleurs, certaines molécules favorisent la production de la sueur :

• corticoïdes, bêtabloquants, antidiabétiques (sulfamides), certains antidépresseurs : ces traitements peuvent stimuler ou perturber le contrôle nerveux de la sudation.

• Sevrage alcoolique ou tabagique : les phases de désintoxication s’accompagnent souvent de sueurs nocturnes.

• théophylline, opioïdes ;

• stimulants : cocaïne, amphétamines.

Hyperhidrose primaire (essentielle)

Il s’agit d’une transpiration localisée sans cause organique identifiée, débutant souvent à l’adolescence. Ici, il y a une absence d’autres symptômes, et les antécédents familiaux sont fréquents.

Hyperhidrose secondaire (à une maladie)

Les maladies pouvant être à l’origine d’une hyperhidrose secondaire sont :

• hyperthyroïdie : métabolisme accéléré, bouffées de chaleur, sueurs abondantes ;

• diabète : hypoglycémies provoquent des sueurs froides ;

• ménopause : chutes hormonales entraînent bouffées de chaleur et sudation nocturne ;

• infections chroniques : tuberculose, VIH, autres infections systématiques peuvent provoquer des sueurs nocturnes abondantes ;

• cancers : leucémies, lymphomes se manifestent parfois par des sueurs nocturnes intenses ;

• maladies neurologiques : dysautonomies, maladies de Parkinson, lésions médullaires ;

• troubles hormonaux : phéochromocytome (tumeur des surrénales) entraîne pics d’adrénaline et de cortisol, avec sudation.

• Syndrome de Cushing : l’excès de cortisol endogène peut entrainer l’obésité, les vergetures, l’hypertension, ou une sudation fréquente.

Le tableau ci-dessous récapitule les différentes caractéristiques de l’hyperhidrose :

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Signes qui doivent alerter

• Sueurs nocturnes abondantes, imbibant draps et vêtements sans raison de température élevée.

• Apparition récente et inexpliquée d’une sudation excessive.

• Symptômes associés : fièvre, perte de poids, fatigue chronique, palpitations, douleurs inexpliquées, essouflement.

• Contextes à risque : antécédents de cancer, infections, maladie auto-immune.

Quand consulter ?

• Gêne importante au quotidien (frottements, odeurs, isolement social).

• Présence de symptômes inhabituels ou persistants.

• Échec des mesures d’hygiène de vie après plusieurs semaines

L’objectif pour le médecin sera d’identifier une cause médicale à la production excessive de transpiration, qui peut être traitable afin d’améliorer la santé (hyperthyroïdie, infection, cancer, etc.).

Mesures d’hygiène de base

• Douches fréquentes avec savons doux, séchage minutieux.

• Vêtements en fibres naturelles (coton, lin), coupes amples.

• Déodorants et antitranspirants contenant des sels d’aluminium, à appliquer sur peau sèche.

Traitements médicaux

• Anticholinergiques oraux : ces médicaments réduisent la sudation généralisée, mais provoquent souvent une bouche sèche, et la constipation ;

• Injections de toxine botulique (Botox®) : cela bloque localement la stimulation nerveuse des glandes sudoripares. Ces médicaments injectables sont efficaces 4–6 mois.

• Iontophorèse : c’est l’application d’un courant électrique dans l’eau, qui permet de réduire la perméabilité des glandes.

• Chirurgie (sympathectomie) : section du tronc sympathique thoracique, réservée aux cas extrêmes, avec risque de transpiration compensatoire sur d’autres zones.

Même si elle est généralement sans gravité, l’hypersudation ou hyperhidrose peut être gênante au quotidien. En effet, lorsque les pieds, les mains et les aisselles transpirent beaucoup, cela peut engendrer des problèmes de santé, notamment sur la peau, comme :

• des mycoses des ongles et de la peau et, en particulier, au niveau des pieds ;

• des verrues des pieds et des mains ;

• des gelures.

En outre, une transpiration importante est susceptible d’entrainer une déshydratation, particulièrement en période de canicule. Le fait de transpirer beaucoup peut aussi générer un repli sur soi et une gêne professionnelle qui peut s’avérer importante pour certains métiers.

• Choisir des vêtements en coton ou matériaux absorbants, éviter les tissus synthétiques.

• Avoir des vêtements de rechange pour la journée ou la nuit.

• Lingettes absorbantes ou poudres matifiantes pour absorber l’excès d’humidité.

• Chaussures respirantes (en cas de pratique de sport ou non), plantaires respirantes pour limiter la macération des pieds.

• Communication avec l’entourage : expliquer le problème pour éviter stigmatisation et isolement.

La transpiration excessive peut être liée au climat, au style de vie, ou à une hyperhidrose primaire sans gravité, mais aussi à des pathologies sous-jacentes. Un bilan médical permet d’identifier la cause et de choisir le bon traitement : des mesures d’hygiène, aux injections de Botox en passant par la chirurgie dans les cas extrêmes. Avec les bonnes stratégies, vous pouvez mieux vivre et réduire significativement la gêne liée à une transpiration trop abondante.

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SOURCES :

• Assurance maladie : le lien

• Ducray : le lien

• Assurance maladie : le lien