Règles hémorragiques : comprendre et traiter les menstruations abondantes

Une femme assise dans un canapé, vêtue d'un jean bleur et d'un haut vert, les mains jointes dans son entrejambe.
Les règles hémorragiques, ou ménorragies, désignent des saignements menstruels abondants et prolongés, pouvant profondément affecter le quotidien de certaines femmes. Ces règles sont souvent accompagnées de douleurs, de fatigue et d'inquiétudes, et peuvent cacher des problèmes de santé plus sévères. Dans cet article, nous aborderons les causes, les symptômes, les méthodes de diagnostic et les traitements pour mieux comprendre et gérer ces saignements.

Qu'est-ce que les règles hémorragiques ?

Les règles hémorragiques, également appelées ménorragies ou hyperménorrhées, se caractérisent par des saignements menstruels exceptionnellement abondants et parfois prolongés. Plus précisément, on parle de règles hémorragiques lorsque la quantité de sang perdue durant le cycle menstruel dépasse les 80 ml, bien au-delà de la moyenne normale située entre 30 et 50 ml.

Ces règles peuvent également durer plus longtemps, souvent au-delà de 7 jours, alors que les menstruations normales se situent généralement entre 3 et 7 jours. Les saignements peuvent être si intenses qu'ils nécessitent un changement fréquent des protections hygiéniques, parfois toutes les heures ou toutes les deux heures.

Règles hémorragiques ou règles abondantes ?

Il arrive que l’on ait du mal à distinguer les règles hémorragiques des règles abondantes.

Les règles sont dites abondantes si leur volume excède les 40 ml. Or, le volume des règles hémorragiques est deux fois plus important que celui des règles abondantes. En outre, les règles hémorragiques présentent de nombreux caillots de taille significative.

Il existe des outils, tels que le score de Higham, qui permettent de déterminer quel type de règles l’on a.

Le score de Higham : qu’est-ce que c’est ?

Le score de Higham est un outil pratique pour évaluer la quantité de saignements menstruels. En effet, il s’agit d’une méthode dont le but est d’aider à déterminer la quantité de sang perdue sur un mois. Les femmes peuvent ainsi savoir si leurs règles sont normales, abondantes ou hémorragiques.  

Le score de Higham repose sur un tableau où l'on note le nombre et l'état des protections hygiéniques utilisées durant le cycle menstruel. Un score supérieur à 100 indique des règles hémorragiques.

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Causes des règles hémorragiques

Les règles hémorragiques ou ménorragies peuvent être causées par plusieurs facteurs, comme :

  • le déséquilibre hormonal : une production excessive d'œstrogènes par les ovaires peut entraîner une croissance excessive de l'endomètre, la muqueuse qui tapisse l'utérus. Cela est particulièrement fréquent pendant la puberté ou la préménopause, où les niveaux hormonaux peuvent fluctuer significativement ;
  • la présence d'un dispositif intra-utérin (DIU) en cuivre : cela constitue une autre cause courante. Le cuivre dans le stérilet peut provoquer une inflammation de l'utérus et un épaississement de l’endomètre, ce qui entraîne des saignements plus abondants, notamment durant les premiers mois suivant la pose du DIU ;
  • les lésions utérines : telles que les fibromes ou les polypes, sont également des causes fréquentes de règles hémorragiques. Ces tissus anormaux peuvent perturber le processus normal de menstruation, ce qui provoque des saignements plus intenses et prolongés ;
  • l’endométriose : elle se caractérise par la présence de fragments d’endomètre en dehors de l’utérus. Cela crée de l’inconfort et de la douleur, et peut s’accompagner de saignements hémorragiques chez la femme qui en souffre ;
  • les troubles de la coagulation du sang : l'hémophilie par exemple peut contribuer à des règles hémorragiques.

Enfin, les facteurs liés à l'âge doivent aussi être pris en compte. Les adolescentes en début de période féconde et les femmes en préménopause sont plus susceptibles de souffrir de règles hémorragiques en raison des fluctuations hormonales et des irrégularités du cycle menstruel.

Symptômes et signes d'alerte

Les règles hémorragiques s'accompagnent souvent de symptômes spécifiques qu'il est important de prendre en compte pour déterminer si une consultation médicale est nécessaire. Ces signes sont, en plus de la perte de sang abondante :

  • présence de caillots de sang : la présence de caillots importants dans les écoulements est un signe d'alerte. Des caillots de diamètre considérable ou plusieurs caillots au cours d’une même période de règles peuvent nécessiter une consultation médicale ;
  • douleurs intenses : des douleurs sévères pendant les règles, qui ne sont pas soulagées par des médicaments en vente libre ou des ajustements de mode de vie, doivent être prises au sérieux. Ces douleurs peuvent être liées à des lésions utérines comme les fibromes ou les polypes ;
  • symptômes d'anémie : fatigue, faiblesse, vertiges, maux de tête fréquents ou essoufflements sont des signes que la perte de sang pourrait affecter vos niveaux de fer et votre santé générale ;
  • durée prolongée des règles : si vos règles durent plus de 7 jours, cela peut indiquer un problème sous-jacent tel qu'un déséquilibre hormonal, des lésions utérines ou une autre maladie nécessitant une évaluation ;
  • douleurs pendant les rapports sexuels ou envies fréquentes d'uriner : ces symptômes peuvent être liés à des problèmes gynécologiques nécessitant une attention médicale.
Bon à savoir : il est primordial de consulter un médecin ou un gynécologue dès que vous remarquez l'un de ces symptômes. Cela permet d'éliminer toute cause grave et de recevoir un traitement adéquat. Seul un professionnel de santé peut effectuer les examens nécessaires et prescrire les traitements adaptés pour soulager vos symptômes et améliorer votre quotidien.  

Diagnostic des règles hémorragiques

Pour diagnostiquer des règles hémorragiques, un médecin ou un gynécologue suit une démarche méthodique pour identifier les causes sous-jacentes et évaluer la gravité des saignements. Il s’agit entre autres de :

  • l’anamnèse : la première étape consiste à recueillir l’historique menstruel de la patiente. Le médecin pose des questions sur les caractéristiques des saignements, notamment leur durée, leur fréquence et la quantité de sang perdu. Cela inclut également le nombre de protections hygiéniques utilisées par jour ainsi que la présence éventuelle de caillots de sang ;
  • un test de grossesse est souvent effectué, y compris chez les adolescentes et les femmes proches de la ménopause, afin d’écarter la possibilité d’une grossesse ectopique ou d’une grossesse intra-utérine anormale ;
  • un examen clinique est ensuite réalisé pour rechercher des signes physiques pouvant indiquer des causes sous-jacentes, comme des fibromes ou des polypes utérins. Cet examen peut inclure une palpation abdominale et un examen gynécologique ;
  • des analyses de sang sont également effectuées pour évaluer la quantité de sang perdue et détecter des complications éventuelles, telles qu’une anémie ferriprive liée à une perte chronique de sang. Ces analyses incluent une numération formule sanguine (NFS) et des tests de coagulation pour identifier d’éventuels troubles de la coagulation ;
  • des tests hormonaux peuvent être prescrits pour mesurer les taux d’hormones féminines (œstrogènes et progestérone), ainsi que d’autres hormones comme les hormones thyroïdiennes et la prolactine, afin de repérer des troubles hormonaux ou endocriniens ;
  • des examens d’imagerie, tels que l’échographie, l’IRM ou le scanner, peuvent être nécessaires pour visualiser l’utérus et identifier des anomalies comme des fibromes, des polypes ou des adhérences ;
  • une hystéroscopie diagnostique peut également être réalisée pour examiner directement l’intérieur de l’utérus et détecter des lésions ou des anomalies de la muqueuse utérine. Cette procédure peut être accompagnée d’une biopsie endométriale pour analyser les tissus de l’endomètre.

Ces examens et procédures permettent au médecin de déterminer la cause précise des ménorragies et de proposer le traitement le mieux adapté à la patiente.

Traitements des règles hémorragiques

Les traitements des règles hémorragiques sont variés et adaptés en fonction de leur cause, de la gravité des saignements, ainsi que des préférences et de la situation de la patiente.  

Traitements médicamenteux

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont souvent le premier choix pour traiter les règles hémorragiques. Ces médicaments réduisent le flux menstruel et les douleurs associées en diminuant la production de prostaglandines, responsables de l'inflammation et des contractions utérines. Les AINS ne doivent jamais être pris en auto-médication.

Les antifibrinolytiques sont également efficaces pour contrôler les saignements abondants. Ces médicaments favorisent la coagulation, limitant ainsi la perte de sang pendant les menstruations.

Les contraceptifs hormonaux, tels que les pilules contraceptives ou les stérilets hormonaux (SIU), sont très efficaces pour réguler les saignements menstruels. Ces traitements rétablissent l'équilibre hormonal, ce qui réduit le flux menstruel.

Traitements chirurgicaux

Lorsque les traitements médicamenteux sont insuffisants ou si une anomalie utérine est à l'origine des règles hémorragiques, des solutions chirurgicales peuvent être envisagées.  

L'hystéroscopie est une procédure permettant de diagnostiquer et de traiter les anomalies intra-utérines, comme les polypes et les fibromes. Elle peut consister en l'ablation de ces lésions ou une résection de l'endomètre pour réduire les saignements.

La thermocoagulation de l'endomètre ou la résection de l'endomètre par hystéroscopie opératoire sont des interventions visant à diminuer l'épaisseur de la paroi interne de l'utérus, afin de réduire les saignements. Il est toutefois à noter que ces procédures peuvent avoir un impact sur la fertilité.

En dernier recours, et principalement chez les femmes sans projet de grossesse, une hystérectomie (ablation de l'utérus) peut être proposée. Cette solution est définitive et élimine tout risque de récidive.

Traitement des complications associées

Les règles hémorragiques peuvent entraîner des complications, telles que l'anémie ferriprive due à la perte chronique de sang. Une supplémentation en fer par voie orale est souvent nécessaire pour corriger la carence en fer et réduire les symptômes associés, comme la fatigue, la pâleur, les vertiges et l'essoufflement.

En résumé, le choix du traitement dépend de plusieurs facteurs. Il est indispensable de consulter un médecin ou un gynécologue pour déterminer la solution la plus appropriée.

Les règles hémorragiques : quelles conséquences ?

Les règles hémorragiques peuvent entrainer des conséquences aussi bien physiques qu’affectives, comme :

  • une anémie ferriprive ;
  • l’inconfort physique ;
  • l’isolement social (dû au fait par exemple de devoir se changer régulièrement et de craindre des fuites pouvant mettre la femme mal à l’aise) ;

L’avis des experts de MédecinDirect sur les règles hémorragiques :

La santé reproductive des femmes joue un rôle important dans leur bien-être général et leur contribution à la société. À partir de 25 ans, un examen gynécologique annuel est recommandé aux femmes. Il est important de consulter un médecin ou un gynécologue en cas de saignements vaginaux anormaux.

SOURCES :
  • Assurance maladie : le lien
  • CHU Lyon : le lien  
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