Hypocondrie (trouble anxieux lié à la maladie) : symptômes, causes et traitements

Une dame assise sur un pouf, dos tourné à l'objectif.
Le trouble anxieux lié à la maladie, anciennement appelé hypocondrie, se manifeste par une préoccupation excessive et persistante de développer ou de souffrir d’une pathologie grave, malgré l’absence de preuves médicales. Les personnes concernées interprètent souvent des sensations corporelles banales—palpitations, maux de tête, douleurs passagères—comme les signes avant-coureurs d’un mal sérieux, ce qui entraîne une détresse émotionnelle continue, des consultations médicales à répétition et une altération significative du quotidien. Comprendre ce mécanisme permet de repérer tôt les symptômes et de mettre en place une bonne prise en charge, pour retrouver sérénité et confiance en son corps.

C’est quoi, l’hypocondrie ?

Anciennement appelée « hypocondrie », cette pathologie est désormais reconnue comme un trouble anxieux lié à la maladie selon le DSM-5. Elle se manifeste par :

  • une crainte excessive d’être atteint d’une maladie ;
  • une préoccupation excessive concernant sa santé et le bon fonctionnement de son corps.
Bon à savoir : L’une des premières images venant à l’esprit lorsque l’on évoque l’hypocondrie est le film Supercondriaque de Dany Boon, où l’on suit les mésaventures rocambolesques d’un patient atteint de ce trouble. Pour l’anecdote, l’inspiration de l’humoriste pour le héros du film lui est venue de lui-même, hypocondriaque ! De manière moins récente, nous connaissons le « Malade Imaginaire » de Molière, dont le protagoniste Argan est prêt à toutes les actions - même les plus farfelues - pour préserver sa santé. D'ailleurs, l’hypocondrie est parfois appelée « arganisme », en référence au nom du personnage d’Argan dans le Malade Imaginaire ! Si ces images tendent à faire sourire beaucoup de personnes, il en va tout autrement pour les hyponcondriaques, au vu de la souffrance que génère cette pathologie.

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Comment savoir si l'on est hypocondriaque ?

Il n’existe aucun examen ni test à même de dépister une hypocondrie. Le diagnostic fait par le médecin est uniquement clinique. Le DSM-V (ouvrage de référence des troubles mentaux) liste un certain nombre de critères pour déterminer une atteinte d’hypocondrie.

Classiquement, une personne hypocondriaque présente :

  • une interprétation erronée ou exagérée de signes physiques mineurs, l’amenant à se croire malade ;  
  • une préoccupation excessive vis-à-vis de son corps et de son fonctionnement. Cette idée peut finir par tourner à l’obsession et engendrer des bouleversements dans la vie familiale, professionnelle ou sociale du fait de problèmes d’absentéisme ou d'incompréhensions avec les personnes de leur entourage.  

On commence à parler d’hypocondrie en cas de troubles persistant au-delà de 6 mois.

La personne atteinte d’hypocondrie ou trouble anxieux de la maladie consulte également :  

  • différents sites et ouvrages médicaux pour tenter de se documenter sur la pathologie dont elle pense être atteinte ;
  • fréquemment son médecin traitant, du fait de son inquiétude et multiplie les examens et bilans médicaux, sans pour autant être rassuré. Cela peut conduire à un nomadisme médical important.

Actuellement, de plus en plus d’actes médicaux « non indispensables » sont réalisés, uniquement à visée de réassurance du patient qui délire sur son état de santé. De plus, du fait des inquiétudes quant à la maladie, l'hypocondriaque peut provoquer elle-même certains symptômes tels que des difficultés respiratoires ou des vertiges, conséquences directes de ses angoisses.

Hypocondrie ou nosophobie ?

Attention à ne pas confondre ces deux troubles : hypocondrie avec nosophobie. Ce dernier trouble, appelé également « syndrome de l’étudiant en médecine », concerne la peur de tomber malade. Deux points (subtils mais essentiels) distinguent ces deux entités :

  • dans la nosophobie, la crainte concerne le plus souvent une ou plusieurs maladies spécifiques, alors que l’hypocondriaque craint toutes les maladies ;
  • le nosophobe a peur d’attraper une maladie, alors que la personne souffrant d’hypocondrie, quant à elle, est persuadée de l’avoir déjà attrapée.

Un troisième trouble, la mysophobie, est à distinguer des deux précédents. Le tableau ci-dessous donne un aperçu succinct de leurs différences :


Nom Description
Hypocondrie 

Anxiété excessive concernant une maladie grave 

Nosophobie

Peur irrationnelle de contracter une maladie spécifique 

Mysophobie 

Peur excessive des germes et de la contamination 

Vous vous inquiétez souvent pour votre santé ?
Un médecin peut vous aider à faire le point sereinement.

Qui est plus susceptible de devenir hypocondriaque ?

Le trouble hypocondriaque touche autant les femmes que les hommes. Si elle peut survenir à n’importe quel âge - y compris durant l’enfance - la période préférentielle d’apparition de l’hypocondrie se situe entre 20 et 30 ans. L’hypocondrie peut se développer à la suite d’un évènement psychologique particulier (généralement brutal et difficile à vivre) et a parfois tendance à se renforcer avec l’âge.

Certaines personnes, notamment celles souffrant déjà d’un trouble anxieux sous-jacent, peuvent être plus susceptibles de développer un trouble hypocondriaque.

Comment vivre avec un hypocondriaque ?

Au vu du caractère envahissant des préoccupations de la personne souffrant du trouble anxieux de la maladie pour sa santé, la cohabitation peut parfois s’avérer difficile du fait des multiples angoisses et de la possible dépression. Alors, que faire ?

Rassurer la personne hypocondriaque ?

C’est la solution qui vient naturellement à la plupart des membres de l’entourage, dont l’objectif est d’apaiser les craintes et les angoisses de la personne atteinte de ce trouble. Le problème de cette attitude est qu’elle risque d’entretenir le phénomène. La personne hypocondriaque ne se sent jamais pleinement rassurée ! Elle peut également raviver les angoisses : le patient se sent obligé de faire davantage d’efforts pour convaincre son entourage du bien-fondé de ses craintes et donc, s’enfonce dans son délire.

La rabrouer et essayer de lui faire comprendre qu'elle ne souffre pas d'une pathologie physique ?

Cette alternative ne produit généralement pas de meilleurs résultats : elle enfonce davantage le malade dans sa solitude. L'ignorer ? Mêmes risques et mêmes résultats.

‍L'écouter !

L'une des meilleures manières d'aider une personne hypocondriaque qui délire est de l'écouter (de l'écouter vraiment), sans se moquer. On peut l'inciter à s'exprimer davantage sur son ressenti et ses émotions profondes lors des moments de tension ou de psychose. L'objectif est de l'aider à comprendre que même si ses symptômes sont bien réels, c'est son interprétation qui est erronée. Enfin, lorsque la situation vous échappe au quotidien, il peut être nécessaire de passer le relais à un médecin spécialiste.

Soigne-t-on le trouble anxieux de la maladie (hypochondrie) ?

Le traitement de l’hypocondrie est généralement difficile, car la personne concernée tend souvent à réfuter toute origine psychologique aux symptômes liés à son trouble - et donc à être prise en charge de manière adaptée. Parmi les différentes solutions possibles, il existe :

  • des psychothérapies auprès d'un psychiatre ou d'un psychologue : elles occupent une place de choix. On peut envisager les thérapies brèves, les thérapies familiales, les thérapies corporelles, en fonction de la situation du patient et de son niveau de dépression ;
  • des alternatives médicamenteuses : en complément des psychothérapies, ces alternatives peuvent apporter une aide. Les traitements les plus utilisés chez les personnes atteintes d’hypocondrie sont les antidépresseurs et les anxiolytiques.  

D'autres alternatives plus atypiques peuvent également s'envisager, telles que l'hypnose, la relaxation, la méditation ou la sophrologie. Elles peuvent aider la personne hypocondriaque à diminuer son niveau général d'anxiété, ses inquiétudes par rapport à ses symptômes, voire à atténuer ces derniers.

Enfin, l'hygiène de vie n'est pas à négliger : une alimentation équilibrée, un sommeil de qualité suffisante, savoir éviter les excès... Cela permet d'éviter une recrudescence de symptômes à l'origine de nouvelles angoisses et d’une psychose. Tout est une question d'équilibre !

L’avis des experts de MédecinDirect sur le trouble anxieux de la maladie

Vous ou l'un de vos proches souffre d’hypocondrie ou craintes excessives quant à leur santé ? Il ne faut pas hésiter à en discuter avec un médecin qui vous indiquera la marche à suivre. Sur MédecinDirect, consultez des médecins généralistes et spécialistes (dont des psychiatres) à toute heure du jour ou de la nuit ! Ce service est pris en charge à 100 % par de nombreuses mutuelles et complémentaires santé : découvrez si vous faites partie des 14 millions de français dont c'est le cas !

SOURCES :
  • Manuel MSD : le lien
  • La Revue du praticien : le lien

EN BREF
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