Douleurs dorsales : mieux les comprendre pour mieux les Ă©viter đââïž
Souvent qualifiĂ© de « mal du siĂšcle », les douleurs dorsales, ou « dorsalgies » sont trĂšs frĂ©quentes : plus de 8 adultes sur 10 dĂ©clarent avoir dĂ©jĂ eu mal au dos. Pour prĂšs dâun tiers dâentre eux, ces douleurs sont rĂ©guliĂšres. Dans leur immense majoritĂ©, les dorsalgies sont dâorigines fonctionnelles. Elles ne nĂ©cessitent donc pas de grandes investigations ni de traitements lourds. Cependant, il existe des possibilitĂ©s pour soulager les patients et surtout prĂ©venir ces douleurs afin dâĂ©viter dâavoir recours Ă une consultation mĂ©dicale.
Un peu dâanatomie : le dos, câest quoi ?
Le dos est une rĂ©gion « vaste » centrĂ©e sur la colonne vertĂ©brale. Elle se compose de nombreuses structures : 24 vertĂšbres principales (7 cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires) sĂ©parĂ©es par des disques intervertĂ©braux et 9 vertĂšbres sacro-coccygiennes soudĂ©es entre elles. Entre ces vertĂšbres passent des racines nerveuses provenant de la moelle Ă©piniĂšre et se distribuant ensuite dans tout le corps. De nombreux muscles et tendons sâinsĂšrent sur cette colonne vertĂ©brale. Cela permet entre autres au corps de rester droit. Enfin, on trouve Ă©galement au niveau du dos les articulations, avec les 12 paires de cĂŽtes ainsi que certains organes, en particulier les reins.
Les douleurs dorsales ne sont qu'un symptÎme⊠quelles en sont les causes ?
Les diffĂ©rentes structures de la rĂ©gion dorsale dĂ©crites prĂ©cĂ©demment peuvent ĂȘtre responsables de douleurs. Il faut prĂ©ciser que gravitĂ© et intensitĂ© de la douleur ne sont pas liĂ©es : une forte douleur peut avoir une cause tout Ă fait bĂ©nigne et inversement. Les douleurs dorsales les plus frĂ©quemment rencontrĂ©es sont les lumbagos : ceux-ci surviennent lors de mouvements brusques (souvent le relevage ou le port de charges lourdes). Ils sont dus Ă des lĂ©sions minimes au niveau des disques intervertĂ©braux et entrainent une sensation de « barre » en bas du dos.
Parfois, la douleur se propage dans les fesses et/ou les jambes, signe dâirritation dâune racine nerveuse. On parle alors de sciatique ou cruralgie en fonction du nerf touchĂ© (souvent en lien avec une hernie dâun disque intervertĂ©bral). Les lumbagos et sciatiques ont leurs Ă©quivalents au niveau de la colonne cervicale : câest le « torticolis » et la nĂ©vralgie cervico-brachiale. La douleur irradie alors dans le bras, parfois jusquâaux doigts.
On associe trĂšs souvent douleurs dorsales et douleurs musculaires. Les douleurs musculaires sont dues Ă une contracture « rĂ©flexe » des muscles para-vertĂ©braux (muscles qui descendent tout le long de la colonne, de chaque cĂŽtĂ©). Avec le temps, les disques intervertĂ©braux sâusent et leur Ă©paisseur diminue : on parle alors dâarthrose. Celle-ci Ă©volue par crises qui peuvent ĂȘtre trĂšs douloureuses.Et parce quâil est toujours bon de tordre le cou aux idĂ©es aberrantes : il est impossible de se dĂ©placer une vertĂšbre hormis dans des cas de traumatisme trĂšs violents entraĂźnant des sĂ©quelles majeures !
Les douleurs dorsales sans lien avec la colonne vertébrale
Lorsque les douleurs dorsales ne sont pas en lien avec la colonne vertébrale, on parle de causes extra-rachidiennes. Cela se traduit par :
- des problĂšmes urinaires comme les coliques nĂ©phrĂ©tiques (calcul coincĂ© entre le rein et la vessie) ou les pylĂ©onĂ©phrites (infection du rein, souvent secondaire Ă une cystite non traitĂ©e). Cela entraine des douleurs en bas du dos, dâun seul cĂŽtĂ©.
- les problĂšmes pulmonaires (infections du poumon, de la plĂšvre, pneumothorax). Cela se caractĂ©rise par des douleurs plus hautes associĂ©es Ă une gĂȘne respiratoire.
- certains problĂšmes digestifs tels que les ulcĂšres de lâestomac, les affections du pancrĂ©as ou de lâintestin. Ceux-ci sâaccompagnent de nausĂ©es ou de vomissements.
- dâautres causes plus rares (anĂ©vrisme de lâaorte abdominale ou zona par exemple) peuvent Ă©galement engendrer des douleurs dorsales.
Les douleurs dorsales sont-elles graves, docteur ?
La majoritĂ© des douleurs dorsales est donc dâorigine fonctionnelle (mauvaise position, micro-traumatismes,âŠ). Dans un premier temps, on peut entreprendre un traitement antalgique classique. En lâabsence dâallergie, lâassociation de paracĂ©tamol et dâun mĂ©dicament anti-inflammatoire (ibuprofĂšne) est gĂ©nĂ©ralement suffisante, Ă©ventuellement accompagnĂ©e dâun dĂ©contracturant musculaire.
Le recours Ă un mĂ©decin peut toutefois ĂȘtre nĂ©cessaire en l'absence dâamĂ©lioration des symptĂŽmes aprĂšs quelques jours de ce traitement. Les symptĂŽmes suivants doivent Ă©galement mener Ă une consultation mĂ©dicale :
- malaise ou sensation de fatigue intense
- diffusion de la douleur, perte de force ou fourmillements dans les bras ou les jambes
- brulures urinaires, sang dans les urines ou envie frĂ©quente dâuriner
- signes digestifs tels que diarrhée, nausées ou vomissements
- gĂȘne respiratoire, toux persistante
- incontinence urinaire ou fécale, perte de sensibilité au niveau du périnée.
En cas de suspicion dâune cause extra-rachidienne (urinaire, digestive ou pulmonaire), des examens complĂ©mentaires (analyse sanguine ou urinaire, radiographie, Ă©chographie, scanner IRM,âŠ) seront gĂ©nĂ©ralement nĂ©cessaires.
Dans les cas oĂč une origine fonctionnelle est Ă©vidente, aucun examen nâest recommandĂ© dans un premier temps. Ce nâest que dans le cas de la persistance ou de lâaggravation des symptĂŽmes quâils sâavĂšreront utiles afin dâaffiner le diagnostic.
En fonction des Ă©lĂ©ments de son examen clinique et dâĂ©ventuels examens complĂ©mentaires, le mĂ©decin pourra alors proposer un traitement spĂ©cifique adaptĂ© (dans le cas des causes extra-rachidiennes). Des antalgiques plus puissants voire l'orientation vers un confrĂšre spĂ©cialiste (rhumatologue, neurologue, chirurgien, gastro-entĂ©rologue,âŠ) peut ĂȘtre envisagĂ©.
Dans le cas des douleurs dorsales « communes », des sĂ©ances de kinĂ©sithĂ©rapie peuvent ĂȘtre un bon appoint (massages Ă visĂ©e antalgique, rééducation de la posture,âŠ). Par ailleurs, le port dâune ceinture de soutien lombaire est prĂ©conisĂ©, tant dans la phase de guĂ©rison quâen prĂ©vention dâune rĂ©cidive.
« Mieux vaut prévenir que guérir »
Quelques conseils simples peuvent permettre dâĂ©viter lâapparition et lâaggravation des douleurs dorsales « communes ». La majoritĂ© de celles-ci sont liĂ©es Ă une mauvaise posture, tant statique que dynamique. Par exemple, ĂȘtre attentif lors du port de charges lourdes ou de mouvements rĂ©pĂ©titifs. Ceci est particuliĂšrement vrai en milieu professionnel. Iil est indispensable dâapprendre et dâappliquer les consignes posturales spĂ©cifiques Ă la tĂąche Ă effectuer. Dans ce cadre, le recours au mĂ©decin du travail ou Ă un kinĂ©sithĂ©rapeute pourra ĂȘtre nĂ©cessaire.
L'alitement prolongĂ© est dĂ©conseillĂ© lorsquâune douleur dorsale dĂ©bute. Il est nĂ©cessaire de maintenir un certain degrĂ© dâactivitĂ©s quotidiennes : mĂȘme si elles sont limitĂ©es par la douleur, elles permettront de lutter contre les contractures musculaires rĂ©flexes.La pratique dâune activitĂ© physique rĂ©guliĂšre est bĂ©nĂ©fique. Elle agĂźt sur les douleurs dorsales, mais aussi sur lâensemble du corps et des composantes du « bien-ĂȘtre ». Un renforcement musculaire ciblĂ© et harmonieux (dorsaux, sangle abdominale,âŠ) guidĂ© par un kinĂ©sithĂ©rapeute peut sâavĂ©rer nĂ©cessaire. Cela peut prĂ©venir la survenue et la rĂ©cidive des dorsalgies.
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Deux sites rĂ©fĂ©rences pour en savoir plus : www.lombalgie.frwww.ecoledudos.orgâ
Auteur : Dr Mathieu Flandin, médecin généraliste