Comme tous les ans, la journée mondiale sans tabac, organisée par l’OMS a eu lieu le 31 mai 2011. Elle a été l’occasion, en France, d’annoncer l’augmentation du remboursement des traitements d’aide au sevrage de 50 à 150 euros par an pour les femmes enceintes.
Car si la majorité des jeunes fumeuses interrogées sur leur intention de sevrage déclarent qu’elles arrêteront lorsqu’elles « feront un bébé », 35% des femmes sont encore fumeuses au début de la grossesse.
Parmi celles-ci, beaucoup désirent s’arrêter. Pourtant les 2/3 d’entre elles fument encore le jour de l’accouchement. Les risques encourus pour le bébé à venir sont aujourd’hui connus et font de ce tabagisme particulier un enjeu de santé publique expliquant les mesures en faveur du sevrage tabagique des femmes enceintes.
Il est démontré aujourd’hui que le tabagisme pendant la grossesse entraine une réduction du poids de naissance, et avance l’accouchement de quelques jours. Une augmentation des infections respiratoires basse et des otites a également été constatée chez le futur enfant. Voire une augmentation du taux de mort subite du nourrisson…Cependant ces risques ne doivent pas faire oublier la femme elle-même, généralement fumeuse depuis l’adolescence, et le plus souvent désemparée face à une dépendance qu’elle découvre brutalement !
Les fumeuses enceintes affrontent souvent une certaine incompréhension, voire une hostilité. Tout est bon pour leur faire comprendre leur « irresponsabilité », en particulier l’énumération des risques encourus par leur bébé. Il est pourtant démontré dans la population générale que la connaissance des risques du tabagisme n’est que rarement une aide pour le sevrage. Les motivations au sevrage doivent venir du (de la) fumeur(se).
Par ailleurs, contrairement aux idées reçues, les patchs de substitution nicotinique sont utilisables pendant la grossesse lorsque le sevrage échoue avec les thérapies cognitives ou de soutien (c'est-à-dire avec les séances de travail avec la sage-femme tabacologue) ! En effet, la littérature médicale dit que la nicotine n’a que peu d’effets sur le fœtus. Et il faut bien comprendre que la nicotine seule sera toujours moins dangereuse pour le bébé à venir que la nicotine associée à toutes les autres substances de la cigarette.
Au total, les dangers du tabac pendant la grossesse sont bien réels, et souvent connus des femmes enceintes. Les femmes qui fument encore le jour de l'accouchement ne sont pas irresponsables, mais impuissantes devant la force de leur dépendance au tabac. Pensons à les soutenir dans leur sevrage plutôt qu'à les juger…
Auteur : Dr Hélène Pera
Conflits d’intérêts : L’auteur n’a pas transmis de conflits d’intérêts concernant les données diffusées dans cette interview ou publiées dans la référence citée. Cet article est issu d’une expérience de terrain, il existe d’autres produits, et d’autres protocoles de prise en charge.
Retrouvez ici les réponses aux questions que vous pourriez vous poser