Alcool : à quel moment devient-on dépendant ?

Verres d'alcool
La consommation d’alcool fait partie de la vie sociale de nombreux Français. Pourtant, il existe une frontière fragile entre un usage occasionnel, une consommation à risque et une véritable dépendance. Selon Santé publique France, près de 23 % des adultes consomment de l’alcool d’une façon dépassant les repères de consommation à moindre risque. La dépendance, elle, concerne environ 1,5 million de personnes en France. Reconnaître les signes précoces d’un usage nocif permet d’agir avant que la dépendance ne s’installe.

Comment repérer une consommation excessive d'alcool ?

Une consommation au départ occasionnelle peut devenir une habitude et être problématique. Il est conseillé :

  • Pas plus de 10 verres standard par semaine
  • Pas plus de 2 verres par jour
  • Et de passer des jours sans consommation dans la semaine.

Cependant, la quantité ne fait pas tout pour repérer une consommation excessive. Certains signes peuvent aider :

  • Les quantités d'alcool bues sont de plus en plus importantes
  • Lorsque vous buvez, vous ne pouvez plus vous arrêter
  • Vous consommez seul, en cachette ou au réveil
  • Les conséquences négatives deviennent plus nombreuses : absence au travail, difficultés à assurer vos journées, conflits, problèmes financiers, etc.

Ces signes doivent être considérés ensemble pour alerter suffisamment et inciter à consulter un professionnel de santé comme le médecin traitant ou un addictologue par exemple.

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Mieux cerner la dépendance à l’alcool

La dépendance, ou alcoolo-dépendance, se définit par une perte de contrôle de la consommation. La personne ressent le besoin impérieux de boire, développe une tolérance (besoin d’augmenter les doses) et présente des symptômes de manque lorsqu’elle tente d’arrêter.

Cette dépendance à l’alcool est à la fois physique (symptômes de sevrage) et psychologique (craving, recherche constante de l’alcool). Elle entraîne des conséquences sur la santé, le travail, la vie familiale et sociale.

Devient-on dépendant du jour au lendemain ?

Le glissement d'une consommation contrôlée et festive vers une consommation excessive et dépendante se fait insidieusement. En général, sur plusieurs semaines ou plusieurs mois. Quand on n'est plus capable de moduler et modérer sa consommation d'alcool, le test de l'abstinence peut être intéressant pour évaluer sa dépendance. Dans les jours qui suivent l'arrêt de l'alcool, certains symptômes peuvent apparaître, comme :

  • des tremblements ;  

Cependant, même si les symptômes de manque physique ne sont pas présents, la dépendance peut aussi être psychologique, au point de ne plus arriver à vivre sans alcool. Si votre désir d'alcool est fréquent, voire continu ; si vous ressentez des envies irrépressibles de boire, peut-être êtes-vous devenu dépendant.

Les stades de la consommation

La dépendance ne survient pas brutalement : elle s’installe progressivement.


Critère / signe 

Usage à risque

Dépendance

Fréquence & quantité Occasionnelle ou modérée Forte consommation souvent quotidienne
Contrôle de la consommation Capacité à modérer Perte de contrôle fréquente
Tolérance / besoin croissant Rare ou faible Besoin élevé d’alcool pour effets
Symptômes de sevrage  Absents Tremblements, sueurs, nausées, agitation 
Conséquences  Faibles ou absentes  Dommages sévères et multiples 

Les facteurs de risque

Certaines situations augmentent le risque de dépendance :

  • Consommation précoce (avant 18 ans)
  • Antécédents familiaux d’addiction
  • Environnement social où la consommation est banalisée
  • Confinement ou isolement, qui ont accentué les consommations chez certains groupes (étudiants, travailleurs précaires)
Alcool : peur de perdre le contrôle ?
Un professionnel peut vous aider à reconnaître les signes de dépendance et à agir.

La consommation festive est-elle un problème ?

Loin du cliché de l'alcoolique consommant tous les jours, la consommation à risque peut aussi être occasionnelle, dans certaines circonstances. Par exemple le weekend, ou à l'occasion d'un événement festif (anniversaire, crémaillère, pot de départ, mariage, etc.). Pour de nombreuses personnes, la consommation est synonyme de détente et de convivialité. Elle forme comme une sorte de rupture avec le quotidien.  

Cependant, avec l'effet de groupe, l'émotion et la joie, elle peut vite devenir importante. Les verres s'enchaînent : on peut se retrouver en état d'ivresse sans vraiment s'en rendre compte. Cette consommation ponctuelle, qui ne s'inscrit pas dans le quotidien, peut sembler anodine. Toutefois elle peut être le signe d'une difficulté avec l'alcool quand :

  • La consommation d'alcool devient indissociable de tous événements festifs
  • Les occasions de boire se multiplient
  • L’ivresse est recherchée à chaque occasion
  • Limiter sa consommation devient impossible, ce qui entraîne systématiquement une perte de contrôle.

Le « binge drinking », est-ce dangereux ?

Le « binge drinking » est un terme anglo-saxon qui désigne une recherche d'ivresse très rapide. Pour ce faire, ses adeptes boivent des quantités importantes d'alcool en un minimum de temps. Cet usage est très dangereux, en particulier chez les adolescents.  

En plus d'avoir un impact à long terme sur le développement de leur cerveau et sur leur capacité d'apprentissage, il augmente le risque d'alcoolo-dépendance. Une prise en charge et un accompagnement par un centre d'addictologie peuvent donc être utiles, y compris à cet âge.

Bon à savoir : Selon la Haute Autorité de santé (HAS), le binge drinking, peut être défini comme la consommation d’au moins 6 verres d’alcool (soit 60 g d’alcool pur) par occasion.
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Peut-on agir pour prévenir la dépendance à l'alcool ?

À tout âge, il est possible de se poser la question de sa propre consommation et de consulter un professionnel de santé pour se faire aider : le médecin traitant, un addictologue ou l'infirmier scolaire par exemple. Voici quelques conseils pour garder le contrôle sur sa consommation d'alcool :

  • Boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l'eau ou des boissons sans alcool
  • Agrémenter l'événement de cocktails sans alcool attractifs
  • Se fixer un nombre de verres à ne pas dépasser
  • Essayer de passer une soirée sans boire d'alcool
  • Définir une heure à partir de laquelle vous arrêtez de boire de l'alcool.

Il est conseillé de consulter :

  • Si vous ressentez des symptômes de sevrage à l’arrêt
  • Si la consommation impacte votre vie quotidienne
  • Si vos proches expriment une inquiétude
  • Ou simplement si vous souhaitez réduire ou arrêter sans y parvenir seul(e).

Quelques ressources peuvent vous être utiles :

· Alcool Info Service : 0 980 980 930 (7j/7, 8h-2h, appel anonyme et non surtaxé)

·  CSAPA : centres gratuits et accessibles partout en France

·  MédecinDirect : téléconsultations avec médecins et psychiatres formés en addictologie, 24h/24

L’avis des experts de MédecinDirect

La dépendance à l’alcool s’installe souvent de façon progressive, presque insidieuse. Beaucoup de patients déclarent qu’ils « gèrent » leur consommation, jusqu’au jour où ils réalisent qu’ils ne peuvent plus s’en passer. Le repère le plus important reste la perte de contrôle : quand on boit plus que prévu, ou qu’on a besoin d’alcool pour se sentir bien ou pour supporter une journée, il est temps de consulter.

Il est indispensable de rappeler que l’alcool n’est pas seulement une question de volonté : c’est une véritable maladie, avec des mécanismes biologiques, psychologiques et sociaux. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions efficaces, allant de la psychothérapie aux traitements médicamenteux.

Si vous vous posez des questions sur votre rapport à l’alcool, n’attendez pas d’être en grande difficulté. Une téléconsultation peut déjà permettre de faire un point, de poser vos inquiétudes et, si nécessaire, de mettre en place un bon suivi. Parler de sa consommation est un premier pas important vers la guérison.

 

SOURCES :
  • Santé publique France : le lien
  • Assurance maladie : le lien
  • Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) : le lien
  • Ministère de la santé : le lien

EN BREF
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